La lettre COMB LAB : Une Santé, une Planète
La pandémie de COVID-19 est symptomatique des interrelations entre santé humaine, santé animale et environnement dans un contexte de mondialisation. Elle met en lumière l’importance des liens entre les écosystèmes, leur biodiversité, leur fonctionnement et l’émergence de nouvelles pathologies. De plus en plus nombreux sont, en effet, les scientifiques qui soulignent les liens complexes entre la pression exercée par l’Homme sur les écosystèmes et l’émergence de nouvelles maladies infectieuses, notamment les zoonoses. En moins d’un siècle, les activités humaines sont, en effet, devenues une cause majeure des modifications de notre environnement qui se traduit par un bouleversement de nos écosystèmes et un rapprochement des espèces sauvages, domestiques, et des humains.
Comme toutes les crises écologiques, la pandémie frappe d’abord les plus faibles et les plus vulnérables. Derrière la propagation du coronavirus apparaît, en effet, l’ampleur des maladies chroniques, dont certaines sont directement liées à la dégradation de l’environnement comme les maladies et insuffisances respiratoires engendrées par la pollution de l’air, ou liées à notre mode de vie et d’alimentation, comme l’obésité, le diabète de type II et certaines pathologies cardio-vasculaires. Parasitisme, dangers des perturbateurs endocriniens, cancers liés aux pesticides, sont d’autres exemples qui soulignent la relation étroite entre santé humaine et environnement.
Les liens entre santé humaine, état des écosystèmes et équilibre des grands processus qui régulent le système terrestre ont récemment fait émerger le concept de « One Health » (une seule santé) qui promeut une approche intégrée, systémique, holistique et unifié de la santé publique, animale et environnementale aux échelles locales, nationales et planétaire. Représentant un véritable changement de paradigme, ce concept doit aider à mieux anticiper et gérer l’irruption de nouvelles pandémies. Il reste, malheureusement, peu connu du grand public et est rarement intégré dans les prises de décisions des gouvernements.
Le monde vivant ne se résumant pas à l’homme, la nécessité de placer la santé au cœur des politiques publiques et l’environnement au cœur des politiques sanitaires devient impérieuse. En effet, Les êtres vivants ne vivent pas indépendamment les uns des autres, mais en interactions étroites entre eux et avec le milieu qui les héberge (biotope), c’est-à-dire dans un monde interconnecté. La planète n’est ni un terrain de jeu, ni un super marché où l’on fait ses courses sans regarder ce qui reste sur les étalages, ni un centre de traitement des déchets, mais un ensemble structuré spatialement et temporellement d’écosystèmes vivants. Tous nous sont indispensables et doivent être respectés dans leurs diversités et leurs fonctions. Les maltraitances faites à chacun, finissent tôt ou tard, par affecter les humains.
Même si leur degré de complexité est différent, tous les êtres vivants de la planète, ont un passé évolutif de même durée et tous ont la même origine, une cellule microbienne qui est notre ancêtre commun. Le code génétique est universel, sa lecture est la même chez les microbes, les végétaux, les animaux et les humains. Les facteurs environnementaux nous affectent tous. Notre sort est lié. Comme le souligne le philosophe des sciences, Etienne Klein, nous ne sommes pas au-dessus de la nature. La nature conserve un pouvoir sur nous, un pouvoir impossible à contourner. Respectons-la.
Depuis son origine, La vie terrestre a connu de terribles avatars qui ont abouti, à chaque fois, à la disparition de très nombreuses espèces vivantes, animales et végétales. A partir des espèces restantes, l’évolution biologique en a fait apparaitre de nouvelles, dont très récemment Homo sapiens, l’homme sage. L’homme s’étant auto désigné « sage », parions sur sa sagesse pour qu’il ne se condamne pas lui-même à monter dans la charrette des espèces vivantes qu’il envoie à la mort. La terreur à l’égard des autres êtres vivants n’aura qu’un temps. Les lois de l’écologie nous l’enseignent. L’écologie n’est pas une doctrine, c’est une science. Les écologues, comme tous les scientifiques, n’émettent pas d’avis, ils observent, expérimentent, étudient, analysent et rapportent des faits. Accordons leurs ce crédit. Il y va de notre responsabilité d’Homme et aussi de notre… survie. Cela en vaut la peine.
La science n’a pas de couleur politique. En revanche, ses applications n’en sont pas dépourvues. Il est dommage qu’au cours des dernières décennies, gouvernants et décideurs aient oublié que le vert est la couleur de la nature, celle de la chlorophylle qui produit l’oxygène que nous respirons et absorbe le gaz carbonique que nous émettons. Alors, redonnons à cette couleur, l’éclat qu’elle mérite. Ne nous contentons pas d’un léger verdissement des actions à mettre en œuvre. Le futur vous persuadera du bien fondé de ma recommandation.
Les associations CombLab, Alternacomb et GREFFE ont décidé de mettre les connaissances scientifiques au service des habitants des Combrailles. Elles sont à vos côtés afin que ce territoire reste viable, enviable et respirable dans le futur malgré le changement climatique. Leur objectif est de vous aider à vous adapter au dérèglement climatique et environnemental qui est en marche, mais aussi à trouver des solutions pour que celui-ci et les conséquences qu’il entraine, ne s’aggravent pas. La réussite sera commune ou ne sera pas.
Gérard Fonty
Directeur de recherche honoraire au CNRS. Président du GREFFE
Un article très juste, très pertinent. A faire lire au plus grand nombre.
Merci