jeudi, avril 18, 2024

La lettre COMBLAB : Pour une transition à tous les niveaux

Tandis que la COP 27 tenait séance, Comb Lab avait le plaisir d’apprendre que La Mallette des Combrailles figure au nombre des projets élus au Budget ÉcoCitoyen (BEC) du Puy-de-Dôme. Deux événements dont les effets se déploient à des échelles totalement différentes, ce qui signe leur complémentarité.

Avec cette mallette virtuelle remplie de vidéos pédagogiques, Comb Lab et le Greffe (Groupe scientifique de réflexion et d’information pour un développement durable) ambitionnent de diffuser vers un large public, les informations vérifiées et éclairantes sur les enjeux concrets du reflux de la biodiversité, du réchauffement climatique, des périodes caniculaires, des modifications de la haute atmosphère, etc. Mais notre démarche vise à montrer que la mise en œuvre de solutions et d’initiatives qui n’étaient pas envisageables jusqu’ici devient possible. S’il n’y a pas de grande solution générale, il y a, en revanche, une multitude de solutions nationales ou locales notamment dans les Combrailles.

Cette mallette a pour vocation de sensibiliser les acteurs du territoire et l’ensemble de la population (c’est-à-dire ceux qui n’ont pas l’habitude de se mobiliser bien que n’étant pas opposés à la transition) des Combrailles aux enjeux du changement climatique, de l’écologie et la diminution de la biodiversité afin de construire avec eux des outils pouvant être utilisés sur le territoire des Combrailles tant au niveau individuel que collectif.

En effet, l’un des objectifs majeurs de Comb Lab pour 2023 consiste à impliquer une grande diversité de citoyens et d’acteurs dans la co-construction de la résilience locale.

Ce point revêt pour Comb Lab et ses partenaires, une importance toute particulière. Dans le principe, il s’agit de faire en sorte que chacune et chacun de nous soient suffisamment motivés pour devenir actrice, acteur de la transition. Mais ça ne suffit pas. Les initiatives locales de transition et résilience deviennent un levier majeur – bien qu’insuffisant – pour atténuer la perte de la biodiversité et les évolutions climato-environnementales. En effet, loin des prophètes de catastrophes nous nous concentrons sur la construction tous ensemble, en Combrailles, d’usages ajustés aux défis de l’époque. Cela implique, par exemple, de considérer l’eau de pluie et les eaux souterraines comme des communs plutôt que comme des marchandises à négocier sur le marché ou comme des ‘’déchets du climat’’ à évacuer le long des routes.

Donc avec nos partenaires, mettre en œuvre les outils et processus de mobilisation pour la résilience locale s’avère d’autant plus crucial que les échelles nationales et mondiale ne présentent pas les caractères de diligence propres à entraîner une réelle dynamique de fond. La pauvreté des conclusions de principe sans passage à l’acte lors de la COP 27 irrite les populations du Sud et du Nord. Étant entendu qu’expliquer n’est pas ratifier, avançons deux éléments de compréhension de l’absence apparente de courage des gouvernants.

En premier lieu, tout le monde sait que cette COP 27 était lourdement sponsorisée par une entreprise américaine parmi les plus polluantes et qu’une délégation de plus de mille responsables de haut niveau y défendait les intérêts des industries des hydrocarbures. Autrement dit, la seule vision du profit à court terme continue inexorablement d’assigner les gouvernants aux exigences du marché et appauvrit sans relâche la pensée politique.

En second lieu dans une étude de l’urbaniste et économiste, Jean Haëntjens1 met en évidence un ensemble de difficultés à passer de l’univers politique que nous avons connu jusqu’à maintenant à de nouvelles constructions politiques qui répondent à l’impératif d’écologie. L’univers politique « libéralisme et socialisme » porté par des idées simples (liberté, égalité), des idées soutenues par des classes sociales bien identifiées, appuyées sur des savoirs spécifiques (économie et sciences politiques), fondées sur les concepts d’économie libérale et d’État protecteur pu développer des récits positifs de l’Histoire (progrès technique, progrès économique, progrès social).

En contraste, au XXI° siècle nous sommes entrés dans une nouvelle époque politique et il est devenu ardu, comme le souligne l’auteur, de construire un horizon qui embarque les populations lorsque « des priorités concurrentielles (énergie et alimentation) ne s’incarnent pas dans une idée simple, que l’anxiété climatique et le refus de procréer ne parlent pas d’une vision positive de l’Histoire, que le désir d’écologie n’est pas porté par une classe sociale identifiable, enfin, que les savoirs de référence sont multiples. »

Clairement, la soumission des politiques publiques aux exigences des marchés et l’absence de projection politique propre à valoriser la demande de ‘’mieux vivre’’ en abandonnant le ‘’toujours plus’’, découragent parfois au risque de pousser à la désobéissance civile lorsque l’urgence climatique et le déficit de courage politique agissent en étau sur les consciences.

Tandis que la COP 27 décevait, l’élection de La Mallette des Combrailles au BEC du Puy-de-Dôme renforce la détermination à agir localement, tout en maintenant le goût amer de la négligence à articuler les échelles politiques et géographique pour le bien du vivant.

1 Jean Haëntjens Le désir d’écologie, impensé de la transition. Revue Futuribles n° 450, page 57 et suivantes.

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