vendredi, décembre 6, 2024

La lettre COMB LAB : L’arbre – l’eau

L’envolée des prix de l’énergie renforcent de manière aussi soudaine que dynamique le marché des poêles à bois. Conséquence immédiate, la montée du prix de bois fait les affaires de la filière bois de chauffage. Coupes d’arbres isolés et arrachage de haies, bien que réglementés, se multiplient et parfois de manière sauvage. Dédaignons un instant la médiocrité de la pulsion marchande pour porter un regard plus affûté sur cette question.

Les populations savent aujourd’hui que la biodiversité terrestre est, dans une large mesure, dépendante du bocage et de la forêt. Compte tenu du reflux de la diversité du vivant, un renforcement des précautions pour parer l’arrachage inconsidéré d’arbres et de haies relèverait du raisonnable. Or, chênes et hêtres sont actuellement coupés en quantité en Puy-de-Dôme, sur le Plateau de Millevaches et sans doute aussi ailleurs. Ensuite, pour faire pousser un arbre il faut de l’eau. Chacun sait désormais que les réserves en eau sont dramatiquement basses et que les prévisions sont teintées de pessimisme.

Il faut de l’eau pour que poussent la végétation et spécialement des arbres plantés en haies, et en parcelles bocagères et forestières. Pour qu’il pleuve 3 conditions doivent être réunies :

Extraits de l’ouvrage documentaire de Jean Luc GALABERT
https://interculturelles.org/project/cultiver-l-eau/
  • le déploiement de phénomènes électromagnétiques dus aux matières organiques contenues dans le sol,
  • la condensation produite par l’alternance de zones froides et de zones chaudes, c’est-à-dire des alternances de massifs forestiers et de surfaces dégagées : céréalières, maraîchères, autres,
  • une fois les nuages formés, il faut qu’ils condensent en gouttes. Des microparticules émanées par les arbres, parmi lesquelles le pollen, catalysent cette condensation.

D’où la nécessité de porter un regard éclairé sur le patrimoine forestier et bocager en place. A quoi il convient d’ajouter la diversité des essences en milieu forestier car une canopée autour de sept étages contribue à la survenue de la pluie, ce qui disqualifie les forêts mono-espèces.

En Combrailles depuis l’automne 2022, des haies sont plantées à l’initiative de comités de citoyens et aussi de collectivités. Cette année des forêts-jardins seront mises en place en Pays de Saint Éloy. Et le mouvement va s’amplifier d’année en année. Parallèlement, en Puy-de-Dôme, le jury citoyen du Budget ÉcoCitoyen BEC 2022/2023 a notamment voté la création de deux forêts-jardins en Limagne (zone de grandes cultures industrielles intensives). Ailleurs dans notre département et au-delà, des forêts-jardins sortent aussi de terre. Un mouvement en faveur de l’arbre est donc plus qu’amorcé.

Image Pierre Feuga

En maints lieux, pointent donc les initiatives pour la plantation de haies, forêts et bocages. La lutte reste pourtant bien inégale face aux abattages diligents pour tirer du profit sans discernement des essences. Aussi jugeons-nous de la première importance de parler de l’arbre, de la haie, du bocage, de la forêt en tous lieux et en toutes circonstances pour mobiliser l’attention des populations sur cette questions.

Loin de nous opposer à la fourniture de bois aux foyers qui s’équipent de poêles à bois, nous tenons pour primordial la mise en place d’un encadrement robuste de la redynamisation de la filière bois de chauffage. La prise en compte du cycle de l’eau, de la nécessité de la haie et du bocage, du cycle de vie de la forêt fait partie des fondamentaux de la transition écologique et énergétique. Le reboisement dans les prairies d’élevage et les grandes parcelles céréalières aussi !

Le malheur ne relève pas d’un déficit de connaissance aiguisée de ces cycles. Non. Le philosophe Pierre Manent, assistant de Raymond Aron au Collège de France et co-créateur de la revue Commentaires en 1978, nous amène sur le vrai terrain de la malédiction des arrachages et abattages sans discernement suffisant. Il écrivait en décembre 2022 : « Les droits individuels ne servent plus à recomposer un commun nouveau mais à assurer le vouloir individuel dans sa souveraineté. »

Cela nous renvoie à l’urgente nécessité de clarifier à nouveau l’articulation des communs avec la propriété privée. Si la propriété privée constitue un élément fondamental dans la construction de la dignité des individus et des groupes, il n’en reste pas moins que son hypertrophie allant jusqu’à la mise en marché de l’exploitation des ressources naturelles fausse l’idée de souveraineté. Les dommages qui en découlent pour la biodiversité et la raréfaction de l’eau, sont majeurs, parfois irréversibles.

Abattage et arrachages sans conscience ne sont que

ruine de la transition et de la capacité de résilience.

Avec nos partenaires nous vous encourageons, lectrices et lecteurs de la lettre de Comb Lab, à faire circuler dans vos réseaux l’impérieuse nécessité de l’arbre, de la haie, du bocage, de la forêt pour favoriser la condensation des nuages et rendre possible l’indispensable transition écologique.

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