La lettre Comb Lab : Contester par l’action collective

Méga-incendies dans la deuxième ville des États-Unis, secousses géopolitiques et marchandages pour l’établissement d’un budget national, créent un tourbillon d’actualité aussi étourdissant qu’inconfortable. En tous lieux, les conversations projettent l’inquiétude socio-économique sur la toile de fond des questionnements liés au changement climatique.
Pendant ce temps-là, l’Union européenne renvoie à plus tard la mise en œuvre du Pacte vert ou Green deal et le président étasunien tourne le dos à toute préoccupation en lien de près ou de loin avec l’environnement. Pourtant, les faits sont têtus : méga feux, ouragans, inondations à répétition attestent cruellement que le temps est à la contestation du déni et de la procrastination par des actes de civilité environnementale plutôt que par des polémiques stériles.

Ce d’autant plus que chaque année, les médias signalent le ‘’jour de dépassement’’, c’est-à-dire le jour où l’humanité consomme plus de ressources que la planète peut en régénérer en un an. Ce jour de dépassement arrive de plus en plus tôt dans l’année. Cela signifie que notre mode de vie arrive très bientôt à échéance de son ‘’crédit-écologique’’. Traduction : le processus de dépassement des limites planétaires (évoqué dans nos précédentes lettres) non seulement se poursuit mais, par la force des choses, s’accélère. En effet, lorsqu’il faut utiliser plusieurs barils de pétrole pour en extraire un seul, force est de reconnaître soit que la ressource s’amenuise, soit qu’il faut investir de plus en plus de moyens techniques énergivores pour accéder à de nouvelles ressources. Dans les deux cas, le modèle s’avère économiquement insolvable.
Cela posé, il serait erroné d’en déduire que le mur de l’impossibilité technique de maintenir notre mode de vie s’approche. En effet, nous sommes déjà dans le mur. Pour preuve les compagnies d’assurances classent désormais certains risques météorologiques comme inassurables. Aujourd’hui, les assurances comme d’autres milieux d’affaires éprouvent, avec leurs clients, la matérialité bien concrète du mur.

Source Comb Lab : les enfants de l’école maternelle de Biollet
La contestation consiste donc à agir en prenant de la distance avec les discours pro ou anti environnement afin de placer nos énergies dans du concret, utile, visible. Exemples : la plantation d’arbres, de haies, et aussi régénération des sols appauvris par les produits chimiques, etc.
Résister au flot informationnel qui nivelle les annonces et désorganise leur hiérarchisation protège de la confusion des repères et de la déprime. Prendre de la distance vis-à-vis des polémiques stériles et développer des projets concrets, immédiats, précis plutôt qu’idéalisés, voilà, nous semble-t-il, une manière pratique de contester les atermoiements des décideurs économiques et politiques. Dans cet état d’esprit, nous œuvrons avec la commune de Biollet et les enfants des écoles de Biollet, Charensat et Espinasse à la réalisation du jardin pédagogique Jean-Paul Touveron. De même nous confectionnons les animations de notre stand au Forum alimentaire des Combrailles (samedi 17 mai 2025) avec le concours des chercheurs du Cisca, du Greffe et de l’INRAE. Animations qui visent à mobiliser élus et citoyens des Combrailles autour d’actions concrètes pour la résilience du territoire car les mêmes inquiétudes touchent chacune et chacun, au-delà même de notre statut social.
Nous soutenons qu’agir collectivement permet à tous de déployer de la créativité, d’acquérir des connaissances nouvelles et des compétences nécessaires par gros temps. Se connaître les uns les autres facilite le maillage des solidarités, y compris entre personnes ne partageant pas les mêmes idéaux. L’action collective est également un puissant levier pour contester l’inégalité alimentaire. Notamment en se mobilisant localement pour nourrir et hydrater les sols dans le but d’y soutenir la biodiversité et ainsi assurer l’alimentation des populations. A cet égard, le déploiement du Programme alimentaire des Combrailles apporte une réelle valeur ajoutée au territoire.
Dès lors que plusieurs acteurs réfléchissent et agissent ensemble pour le bien commun, ici nourrir la population, alors les processus démocratiques s’installent aisément, pour ne pas dire spontanément. Enfin, plus un groupe social ressent qu’il est constitué et ancré, plus fort il devient pour faire face aux flux des populations et des entreprises commerciales chassées des espaces urbains lorsqu’ils sont reconquis par les marécages de jadis, lorsque la submersion fait reculer les bandes côtières et que les terres deviennent infertiles puis basculent dans l’aridité.

Toutes ces considérations prennent une consistance nettement plus marquée pour qui consulte les fiches « Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique » (AP3C) du SIDAM ; organisme regroupant 16 chambres d’agriculture du Massif central. Il y est notamment écrit que : « d’ici 2050, les évolutions climatiques de Saint Gervais d’Auvergne prévoient un maintien du cumul annuel de pluviométrie autour de 830 mm. Dans le même temps, le cumul annuel de l’évapotranspiration de l’eau contenue dans le sol et de l’eau transpirée par les plantes (ETP) passe de 820 à 910 mm. Ainsi, le bilan hydrique potentiel se dégrade avec un déficit hydrique de plus en plus marqué en été et aussi au printemps. » Nous mettrons en perspective les résultats du programme AP3C et la question alimentaire dans nos prochaines lettres.
- ETP : Evapotranspiration Potentielle ↩︎
A quand bien même nous tenons
Quitte à se faire presser le citron
Un beau jour viendra la chance
D’une certaine évidence
Qui du fond de nos archétypes,
Palsangbleu, je ne suis pas sale type,
Faudra bien qu’un jour je change,
Sinon de verres, sûrement d’optique!