La lettre Comb Lab : 2024 – Les possibles en action
Comb Lab présente à chaque lectrice et à chaque lecteur ses vœux sincères pour l’année nouvelle et formule le souhait que chacune et chacun parvienne à réunir les conditions favorables à la réalisation de ses projets.
Une fois souhaits et vœux formulés, reste à savoir comment réaliser les projets. Sir Robert Watson, Président de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) déclarait en 20231 : « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ». La question devient alors : comment développer un processus de résilience proactive, c’est-à-dire qui anticipe le futur et se rend disponible à l’inattendu, tout en restant dans les limites planétaires ? Revenir à la bougie ? Absurde. Gageons que la confluence de l’indispensable sobriété avec l’usage raisonné des ‘’agents intelligents’’ qui arrivent dans nos quotidiens, va baliser les marges d’une résilience digne et équitable.
Un récent rapport de l’OCDE2 titré : Les politiques de soutien entravent largement l’adaptation au changement climatique, a retenu notre attention. Il signale que : « Le changement climatique a un impact grandissant sur la production agricole partout dans le monde, du fait de la variabilité accrue des températures et des précipitations, des perturbations des services écosystémiques et du ralentissement de la croissance de la productivité. » Il en résulte que : « Les pouvoirs publics redoublent d’efforts pour aider l’agriculture à s’adapter au changement climatique. »
Malheureusement : « Le soutien des prix du marché fausse les signaux envoyés aux producteurs, les dissuade de modifier leurs systèmes de production et crée des distorsions sur les marchés internationaux, lesquels demeurent pourtant essentiels pour atténuer les effets des pénuries ou des récoltes exceptionnelles et pour renforcer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires. Par ailleurs, l’objectif de 1.5°C énoncé dans l’Accord de Paris ne sera atteint sans efforts d’atténuation dans le secteur agricole. »
Tout se tient : changement climatique, variabilité des précipitations, fragilisation des écosystèmes et signaux contradictoires des marchés menacent directement la sécurité alimentaire. D’ailleurs les médias, toutes tendances confondues, traitent désormais du risque alimentaire. Et lorsque l’OCDE pointe les indispensables efforts du secteur agricole pour atténuer l’augmentation de la température moyenne, nous poussons le raisonnement un cran plus loin : l’agriculture n’aura d’autre choix que :
- délaisser les intrants industriels polluants et coûteux,
- réduire les heures de tracteur eu égard à la moindre disponibilité du carburant.
Les agriculteurs devront choisir entre : la réintroduction de la main d’œuvre dans les fermes ou le recours massif aux installations gérées par l’intelligence artificielle3. A moins de panacher les deux car « L’IA nous oblige à raisonner en termes de tâches et non d’emploi. »4 Nous reviendrons dans une prochaine lettre sur cette question…
Pour surprenantes que ces prévisions paraissent, leur survenue relève d’une probabilité qui doit être considérée. Mais encore une fois, tout se tient et de quelque manière qu’évoluent les techniques agricoles, l’alimentation reste l’enjeu indépassable. Qui prétendrait n’être pas concerné ?
C’est la raison pour laquelle Comb Lab Résilience porte l’initiative du Forum alimentaire des Combrailles . La transformation, le transport, la conservation et la distribution des aliments dépendent directement de l’inévitable transition énergétique. A cet égard, la conjugaison du processus de résilience du territoire de Comb Lab Résilience avec le déploiement du Programme alimentaire territorial (PAT) qui entre en deuxième phase, constitue une promesse d’impact sur le territoire permet d’aborder l’année avec un réel optimisme dénué de naïveté.
Bien entendu, la coopération avec les associations œuvrant sur et pour le territoire des Combrailles reste un paramètre fondamental. Ici comme en maints autres lieux, notre démarche contributive entre en pleine résonance avec les propos de la chercheuse Carine Sebi (chaire Energy for Society de Grenoble Ecole de Management), qui conclut une récente étude par ces mots : « Pour concilier des enjeux à la fois agricoles, énergétiques et industriels, l’État doit contrôler l’application des réglementations en vigueur. Localement, les collectivités doivent être soutenues dans l’exercice de leur responsabilité en matière de planification territoriale, afin d’assurer la cohérence entre les enjeux locaux et les ambitions nationales »5.
Pleinement motivés à valoriser les brèches qui permettent de contribuer à la construction de la résilience des Combrailles, nous vous souhaitons le meilleur pour 2024 !
1 https://www.axa.com/fr/insights/la-nature-en-danger-interview-de-sir-robert-watson
2 https://www.oecd.org/fr/agriculture/sujets/suivi-et-evaluation-des-politiques-agricoles/politiques-de-soutien-entravent-daptation-changement-climatique.htm
3 Les Echos 20 12 2023. https://www.lesechos.fr/pme-regions/innovateurs/neofarm-inaugure-un-demonstrateur-de-ferme-semi-robotisee-dans-loise-2042533
4 Alexandre Viros ; Le Grand continent Source Le grand Continent
5 https://www.grenoble-em.com/actualites/les-territoires-sont-la-terre-d-action-de-la-transition-energetique-1